Le comité du salut public
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foule à Alger
La séance de l'Assemblée nationale, ce mardi 13 mai, évoque une caricature des pires habitudes parlementaires, comme si cette Chambre qui va mourir voulait noircir encore son image pour laisser moins de regrets. Après la lecture, selon le rite, de la déclaration ministérielle, les orateurs défilent à la tribune. A 19 h 40, la séance est suspendue pour le dîner. Quand elle reprend à 21 heures, devant trois cents députés, une voix s'élève dans l'hémicycle, celle de M. Charles Hernu, député mendésiste : Un Comité de salut public est installé à Alger. Il y aurait autre chose à faire qu'à vous écouter !
Le président, M. Le Troquer, s'agite et intervient : Allons, laissez l'orateur poursuivre son exposé comme il l'entend.
Il faudra encore un quart d'heure de vains et stupéfiants propos pour que ce simulacre de débat soit enfin interrompu sous les cris des communistes qui proclament :Le fascisme ne passera pas ! tandis que la droite réplique : Algérie française !».
A ce moment-là pourtant, il y a déjà trois heures que la foule algéroise, conduite par les activistes, M. Pierre Lagaillarde, président des étudiants en tête, a envahi le G.G..
Sur le Forum, des dizaines de milliers de pieds-noirs s'enivrent de leurs cris. Dans les bureaux dévastés, effondrés dans les fauteuils des hauts fonctionnaires civils, les généraux regardent le grouillement des chefs activistes et gaullistes qui s'entre-déchirent.
En vain, le général Massu, choqué, a d'abord ordonné : Nettoyez-moi ce bordel ! Puis il en a pris son parti.
Pour l'instant, personne ne contrôle plus personne, le flot déferle et menace de tout emporter. Toutes les cinq minutes, quelqu'un téléphone à Paris, un comploteur à ses amis, un général à ses chefs, un civil à son ministre. l'Algérie détachée de la métropole ou l'état-major de l'insurrection. Les généraux hésitent. Que faut-il faire ? Les regards se tournent vers Salan, qui semble absent, lève la main dans un geste qui peut passer pour un consentement. Hé bien, faites la liste, dit Massu.
Il en sera le président. ll inscrit ses colonels, et puis les activistes, et puis les gaullistes, et puis les pieds-noirs dont l'un, superbement, comme on lui demande qui il représente, répond avec un geste large ... la foule !
Au balcon du Forum, le général proclame les noms des nouveaux chefs. Acclamations, hurlements de joie.
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